Le Réseau Proprietas est une initiative d’une équipe composée de chercheurs dans les domaines de l’histoire, du droit et des arts. Il a pour but de promouvoir des discussions sur l’idée du bien commun, en historicisant et en problématisant la notion de propriété individuelle, souvent comprise comme naturelle et absolue, comme défendu par certains des interprètes les plus connus du libéralisme. Le Réseau Proprietas se propose de motiver le débat et la réflexion sur la thématique de la propriété, la production et la diffusion de recherches, aussi bien que l’échange et l’interaction entre des chercheurs dont les travaux sont traversés par la préoccupation à l’égard de la préservation et de la défense des intérêts collectifs.
Les projets de recherche développés par le Réseau Proprietas sont coordonnés par l’historienne Márcia Motta, professeur du département d’histoire de l’Université Fédérale Fluminense (UFF), chercheur du Conseil National de Développement Scientifique et Technologique (CNPq) et “Scientifique de Notre État”, de la Fondation pour l’appui à la recherche de l’État de Rio de Janeiro (Faperj).
Qu’est-ce que la propriété? Cette question, apparemment assez simple, a elle-même une histoire, et l’écrire est l’une des tâches les plus ingrates. En 1840, lors de la publication de son ouvrage intitulé Qu’est-ce que la propriété?, Proudhon, l’un des penseurs anarchistes les plus importants, critiquait l’idée de propriété privée, en affirmant qu’elle était “le suicide de la société”. En plaidant en faveur de la possession, Proudhon a suscité le débat sur une question qui a traversé toute l’histoire de l’humanité. L’affrontement de telle thématique a aiguisé l’appétit de l’intelligentsia occidentale et a suscité l’émergence de nouvelles idées et valeurs, traduites en plusieurs ouvrages. Des arguments sur la fonction et la nécessité historique de la propriété ont été plusieurs fois répondus par des inférences qui soulignaient le rapport entre la propriété et la pauvreté. Certains auteurs ont essayé de dévoiler le rapport siamois entre la propriété et la liberté, la première étant responsable de la conservation de cette dernière, comme signalé par John Locke. D’autres auteurs, en suivant les chemins inaugurés par Friedrich Engels, ont discuté le processus historique qui a rendu possible la division sociale du travail et la propriété des moyens de production dans son rapport avec la formation de la famille.
Les travaux du Réseau Proprietas sont centrés sur trois domaines thématiques principaux, dont chacun se divise en deux lignes de recherche.
Cette ligne se concentre sur les études qui partent d’une réflexion sur le rôle de l’État dans les processus d’innovation, en privilégiant l’analyse des politiques publiques destinées à la protection des intérêts collectifs face aux intérêts individuels ou ceux des groupes dominants.
À l’interface entre l’histoire et le droit, cette ligne met en relief les heurts et les rapports entre les dimensions des droits individuels et collectifs. On travaille spécialement sur la construction dans le champ juridique du processus de légitimation et délégitimation des propriétés et des biens communs.
Cette ligne analyse la production de la connaissance, la démocratisation et l’accès à l’information. Issue du groupe de recherche NEDAC, elle s’appuie sur le dialogue entre le droit, la production culturelle et ce que l’on appelle l’économie créative.
Cette ligne récupère les multiples faces du droit d’auteur et des échelles de droits sur un même produit culturel. À l’interface entre l’art, le droit et l’histoire, on déconstruit le processus de construction de l’art.
À l’interface entre l’histoire et l’économie, cette ligne de recherche privilégie les études qui analysent la transmission de patrimoine, en mettant en relief le processus de construction de la fortune et son envers, l’officialisation des propriétés et les disputes et les querelles concernant les biens patrimoniaux.À l’interface entre l’histoire et l’économie, cette ligne de recherche privilégie les études qui analysent la transmission de patrimoine, en mettant en relief le processus de construction de la fortune et son envers, l’officialisation des propriétés et les disputes et les querelles concernant les biens patrimoniaux.
L’une des lignes centrales du Centre d’Histoire Rurale travaille sur la législation agraire dans son rapport avec les conflits et les mouvements sociaux dans le pays. Étant la terre un bien non reproductible par la nature et aussi l’axe inaugural de la discussion historique sur le concept de propriété, on se concentre sur la dimension historique – bien que discontinue – des heurts entre des intérêts individuels et collectifs.